Dessiner, c’est déjà guérir
👋 C’est moi, Alex. Je vous écris avec le sourire et un peu de poussière sur les chaussures. Comment allez vous tous?
Je vous écris cette nouvelle histoire avec, en tête, cette photo que vous voyez ci-dessus. Elle a été prise à Mbinudita, dans cette grande et belle école qu’on a construite ensemble en 2019 et 2020, en pleine pandémie de Covid, au milieu de nulle part, sur les hauteurs de Sumba Est.
À l’époque c'était une école de terre et bambou qui c'était écroulée cinq jours avant Noel, le 19 décembre 2019. En ce temps, seul une vingtaine d’enfants fréquentaient les classes. Aujourd’hui, ils sont plus de 120, et l’école a même été reprise par l’État.
Mais au-delà du bâtiment, ce sont les vies des enfants qui changent. Parce qu’ici, en Indonésie, et particulièrement dans les régions ultra-rurales de l’extrême est, l’accès à la santé passe d’abord par l’éducation.
Quand un enfant dessine, lit, joue, échange, il ne se contente pas d’apprendre. Il évite une marche de plusieurs kilomètres pour aller chercher de l’eau sale dans un bidon trop lourd pour lui (souvent plus lourd que lui même). Il évite la route, les serpents, la nuit, les blessures, la fatigue.
Il construit, doucement, un autre rapport à la vie, à son avenir.
C’est pour cela qu’on fait tout ce qu’on peut pour stimuler leur curiosité, leur donner du matériel, créer des activités ludiques, dessiner, parler santé, alimentation, hygiène. Pour cela que nos campagnes de prévention s’adressent aussi aux enfants, mais surtout à leurs parents. Parce que ce sont eux qui transmettent.
Mais soyons honnêtes : le système éducatif ici est en souffrance. Des enseignants payés l’équivalent de 10 dollars par mois, et seulement tous les deux ou trois mois, n’ont aucune motivation à parcourir 15 kilomètres pour enseigner. Des enfants qui n’ont ni cahier, ni crayon, ni chaussures, parfois même pas une chaise pour s’asseoir.
Alors chaque instant qu’on passe avec eux à apprendre autrement, c’est une victoire. Chaque dessin qu’ils font, c’est du temps en moins à risquer leur santé, et du savoir en plus pour construire un futur plus digne.
Car ce sont ces enfants qui apprendront à leurs propres enfants à boire de l’eau propre, à ne pas jeter les déchets dans la rivière, à se protéger du paludisme, de la dysenterie, de la polio.
L’éducation, ici, c’est le premier soin. Elle est notre fil rouge. Notre point de départ. Notre promesse.
Et ce sourire concentré sur le visage de ces enfants qui dessinent… C’est tout ce qu’il y a de plus précieux.
Merci de faire partie de cette histoire et à très vite pour d’autres nouvelles du terrain ! Alex Wettstein.
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