Écouter les battements du monde
👋 Bonjour à tous, c’est Alex, depuis Rumah Kambera ici à Lambanapu. Comment allez-vous tous? Si j’ai choisi « Écouter les battements du monde » comme thème de ma nouvelle histoire, c’est parce qu’ici, chaque son raconte une vérité : la toux d’un malade, le bruit d’une pompe qui tombe en panne, ou le silence d’un village qui attend de l’eau.
Ici, dans l'est de l'Indonésie, écouter est une expérience différente. Nous ne nous contentons pas d'entendre des mots. Nous entendons cette toux persistante qui dure depuis des semaines, une toux qui évoque la tuberculose. Nous entendons les pas traînants d'un enfant, affaibli par la malnutrition. Nous ressentons le silence qui règne dans un village lorsqu'un nouveau cas de paludisme est annoncé.
Ces dernières semaines, nous avons constaté de nombreux problèmes. À Umalulu, des équipes réalisent des tests rapides de paludisme hors saison et détectent des cas positifs. Cela montre que la maladie persiste, même lorsque nous pensons être à l'abri. La pulvérisation d'insecticide sur les murs lors des campagnes de désinsectisation est essentielle ; ce traitement préventif est crucial pour éliminer les moustiques avant qu'ils ne piquent. Des études montrent que cette méthode réduit considérablement la transmission du paludisme.
Nous voyons des familles se rassembler autour des panneaux que nous avons affichés dans les villages : « Reconnaissez les symptômes, consultez un médecin à temps ». Ici, un retard, une incompréhension ou une réaction inappropriée peut avoir des conséquences mortelles. Paludisme, dengue, lèpre, tuberculose… ce ne sont pas de simples mots; ce sont des réalités quotidiennes.
Nous avons également fait don de plus de 250 millions de roupies d'équipement médical à l'hôpital RSUD Umbu Rara Meha de Waingapu. Pas pour plaire au directeur, mais pour répondre aux besoins réels du personnel. Des actions concrètes et essentielles. Pourtant, cela ne représente qu'une goutte d'eau.
Nos agentes de santé communautaires, les Agentes de Santé Kawan Sehat, soignent jusqu'à mille patients par mois. Ils travaillent avec des ressources limitées : un thermomètre, quelques médicaments, leurs compétences et leur courage. Elles ne savent qu'elles ne peuvent pas attendre l'aide de la ville. Ils sont là, dans les villages, auprès des familles. Sans ces agentes-là, rien ne serait possible. Leur rôle est similaire à celui des soins primaires communautaires, dont l'efficacité a été prouvée dans des contextes similaires.
Nous construisons également des réservoirs d'eau, essentiels pour lutter contre les maladies et la malnutrition en fournissant de l'eau propre et saine. Nos études de terrain montrent que l'accès à l'eau potable réduit drastiquement les maladies diarrhéiques, l'une des principales causes de mortalité en milieu rural.
Mais malgré tout cela, nous manquons de tout
De médicaments, nourriture, carburant, équipement, tant de choses. Tout comme nous, les familles de ces régions ultra-rurales manquent de tout chaque jour. La situation est grave, certes, mais ce n'est pas une raison de se décourager. Nous persistons. Nous nous débrouillons avec les moyens du bord. Nous improvisons. Nous luttons.
Être attentifs à la vie ici, c'est aussi prendre conscience de tout ce qui manque. Mais c'est aussi percevoir la force incroyable de ces populations, leur dignité, leur courage. C'est ce qui nous motive à continuer, et depuis 16 ans, notre fondation est présente sur le terrain, à vos côtés, pour vous.
Nous ne faisons rien de banal : tout est exceptionnel, au sens le plus profond du terme. Nous dépassons les limites du quotidien.
Merci d'être là, de nous écouter. Car ce que nous entendons, ce sont aussi vos voix, vos échos, votre force qui résonne jusqu'ici.
Je vous salue tous très sincèrement. Alex, pour Fair Future - Le 22 septembre 2025 |