Là où il n’y a presque rien, nous faisons tout ce que nous pouvons!
👋 C’est moi, Alex. J’écris ces lignes avec le cœur léger et un peu de route dans les jambes. J’espère que vous allez bien, où que vous soyez.
Une fois de plus, je vous écrit. Vous l'aurez remarqué, j'aime écrire, cela me détend, cela me permet de faire le point et en l'occurence depuis quelques jours, de ne plus penser à ma rage de dents. Cela me permet aussi de prendre une pause au milieu de tout ce qu'on fait ici, dans ce coin du monde où presque rien existe. Parce que ça, c'est justement ce que je voulais partager avec vous aujourd'hui.
On travaille avec presque rien. Et pourtant, c'est déjà tellement plus que rien du tout.
Ici, mes amis, il n'y a pas de routes. L'eau propre est trop rare. Il n’y a pas de toilettes. L’électricité, on n’en parle même pas. Le réseau internet est un luxe désespérément lointain. Mais on est là. Présents. Actifs. Entiers. Et on agit, avec ce qu’on a — et c’est déjà énorme. Merci à vous tous.
Nous sommes une petite ONG suisse avec déjà plus de 16 ans d'activité. Pas d’énormes budgets. Pas de grosses infrastructures. Très peu de soutien de la part de la Suisse, malgré nos nombreuses sollicitations. J’ai invité à plusieurs reprises les représentants de l’ambassade, mais personne n’est jamais venu nous voir ici, sur le terrain. Dommage, car ils verraient combien leur présence pourrait faire la différence.
Heureusement, du côté indonésien, les choses sont différentes. Nous avons signé plusieurs protocoles d’accord et de collaboration avec les autorités locales. Ce soutien officiel nous permet de travailler légalement, efficacement, et avec reconnaissance, là où personne d’autre n’agit.
Et malgré tout cela, dans les villages où nous allons, nous restons souvent les seuls. Les seuls à venir. Les seuls à rester. Les seuls à agir, et à apporter de vraies solutions concrètes, plutôt que des promesses.
Je repensais l’autre jour à cette école que nous avons construite à Mbinudita, dont je vous parlais dans ma dernière histoire. En plein COVID. Sans route. Sans matériaux sur place. Sans eau. On a monté des dizaines de milliers de briques, posé les toits, tracé les fondations — puis on les a creusées. À la main, avec les villageois. On l’a fait.
Aujourd’hui, cette école est la plus grande de Sumba Est. Elle a de l’eau propre. Elle a de l’électricité. Et les gens, là-bas, ont accès à des soins médicaux. Parce qu’on n’a pas attendu qu’on nous donne les moyens. On les a créés. Et on continue.
Travailler avec des ressources limitées implique de voir au-delà des ressources matérielles.
Expliquer le paludisme sans aucun tests rapides, lames, microscopes et souvent sans médicaments nous incite à innover en matière d'éducation et de prévention. Il s'agit de mieux faire comprendre aux communautés comment éviter la maladie lorsqu'il n'existe pas de remède. L'éducation, la démonstration pratique et le partage des connaissances sont au cœur de notre mission afin d'obtenir un impact durable avec des ressources minimales. Ce partage des connaissances permet aux habitants de participer activement à leur santé, renforçant ainsi leur résilience face à la maladie.
On parle de paludisme, de dengue, de tuberculose, de polio... sans avoir les outils pour les diagnostiquer systématiquement. Alors on fait confiance à nos compétences, à notre expérience clinique, à la transmission entre mères et nos agents de santé Kawan Sehat. On observe, on écoute, on interroge.
On soigne avec peu. Mais on soigne bien. Parce que là où la médecine moderne fait défaut, c’est l’humain qui prend toute sa place.
Ce sont des centaines de types de médicaments que nous achetons, un à un, grâce à vous tous, mes amis. Des pansements, des antidouleurs, des antipyrétiques, des antihistaminiques, des collyres, des pommades pour soigner les infections de la peau, des antibiotiques, et parfois — quand on a la chance d’en trouver — des traitements contre la malaria. C’est rare, mais on fait avec. On distribue aussi beaucoup de compléments alimentaires, des vitamines, souvent. Pour tenter de corriger les effets d’une malnutrition chronique ici.
Evidemment, des moustiquaires imprégnées qu'on distribue dans les villages isolés. Un savon, un gant, une parole. Et la force incroyable de nos agentes de santé Kawan Sehat, sans qui rien de tout cela ne serait possible.
Chaque jour, elles parcourent des kilomètres à pied pour aller à la rencontre de celles et ceux qui n'ont jamais vu un médecin. Elles soignent, expliquent, rassurent. Elles notent les symptômes, transmettent les infos, appellent quand le réseau le permet. Ce sont des piliers. Des mères, des sœurs, des protectrices. Et elles sont formidables.
Et ce qu'on reçoit en retour... ce sont des sourires, des regards qu'on n'oublie pas, des cafés bien trop sucrés mais toujours offerts avec le cœur. C'est cette chaleur discrète, ce lien silencieux mais fort qui naît quand on est simplement à sa place. Ici, sur ces collines, dans cette poussière, on est exactement là où on doit être.
Je vous remercie, vous qui êtes avec nous. Ceux qui soutiennent, ceux qui partagent, ceux qui lisent ces lignes. Sans vous, on serait seuls.
Et seuls, on ne peut pas faire tout ça.
Alors merci. Pour votre confiance. Pour votre générosité. Pour votre présence, à votre façon.
Et nous, ici, on continue. Avec presque rien. Mais avec tout ce qu’il faut. Alex Wettstein.
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