Écouter le bruit des moustiques - L’étude d’Umalulu sur la réalité de la malaria
👋 Bonjour à tous, c’est Alex, depuis Rumah Kambera, ici à Lambanapu.

Si j’ai choisi «Écouter le bruit des moustiques» comme titre de cette histoire, c’est parce qu’à Umalulu, entre mars et juillet derniers, c’est ce son qui dominait nos journées et nos nuits. Le léger bourdonnement qui semble insignifiant, mais qui porte avec lui la maladie, la fatigue et parfois la mort. Derrière ce bruit, il y a les chiffres, les maisons ouvertes aux insectes, les moustiquaires trouées, les familles qui marchent des kilomètres pour trouver un soin. Pendant des mois, nous avons écouté ce bruit et pris le temps de l’analyser, méthodiquement, comme un médecin écoute un battement de cœur.
Durant cinq mois, nous avons mené un véritable travail de fourmis. Sept volontaires – infirmières, cadres de santé, travailleurs sociaux – ont marché de maison en maison, parfois sous des pluies diluviennes, parfois à travers la poussière brûlante et souvent jusqu'à tard le soir.
Ils ont visité 269 foyers, interrogé 460 personnes, observé 693 espaces de sommeil. Chaque donnée notée, chaque photo géolocalisée, chaque entretien patienté donnait corps à une réalité que les chiffres officiels taisent trop souvent.
Les résultats ne sont pas flatteurs, mais ils disent la vérité
Moins de 2% des familles ont bénéficié d’une pulvérisation d’insecticide à domicile. Un tiers dort encore sans moustiquaire efficace, et plus de 92% des moustiquaires utilisées sont déjà trop vieilles. Plus de la moitié des habitants n’ont pas de toilettes et pratiquent toujours la défécation à l’air libre. 68% ne savent pas identifier les lieux où les moustiques prolifèrent. Et malgré une assurance santé quasi universelle, la majorité vit à plus de cinq kilomètres d’un centre de soins.
Ces constats sont durs, mais nécessaires. Ils expliquent pourquoi la malaria persiste, pourquoi des familles entières se retrouvent épuisées à chaque saison, pourquoi la pauvreté s’aggrave quand la maladie frappe et prive les gens de revenus pendant des jours.
Mais ce travail minutieux, scientifique, humain, change la donne.
Pour la première fois, nous avons une image précise, maison après maison, des failles et des besoins. Nous savons où remplacer les moustiquaires, où former des équipes de pulvérisation, où construire des latrines (que nous appelons "installations Sanitaires") des réservoirs en ferrociment pour le stockage de l'eau propre, comment renforcer les agents de santé de village.
Nous savons aussi que les solutions ne viendront pas d’en haut mais de ce tissu patient, construit avec les communautés, en s’appuyant sur leurs propres forces. Notre expertise, forgée pendant 16 années de présence constante sur le terrain, est à la base de ces approches pragmatiques et adaptées.
C’est exactement ce que nous faisons déjà avec d’autres actions de prévention menées cette année à Sumba Est, comme l’étude de prévention du paludisme (East Sumba Malaria Prevention Project). Chaque fois, nous avançons un peu plus, en transformant des constats inquiétants en leviers pour agir.
Je vous invite à lire ces documents, fruits de ce travail de fourmis :
Ces rapports témoignent de notre méthode : rigoureuse, médicale, indépendante, mais surtout profondément humaine. Ils sont ouverts à tous, car la lutte contre la malaria ne se gagne pas dans les discours mais dans les villages, sur le terrain, au plus près des familles.
Merci à chacun de vous de continuer ce chemin avec nous.
Je vous salue tous très sincèrement. Alex, pour Fair Future - Le 3 octobre 2025 |